Comment Papa est devenu danseuse étoile

Gavin's Clemente-Ruiz

Fayard/Mazarine

  • Conseillé par
    15 avril 2016

    Pas convaincue par le tutu...

    Le titre et la couverture étaient joliment accrocheurs. Ils annonçaient du feel-good teinté d'un message sur l'acceptation des différences. Cet homme d'âge mûr aux rondeurs sympathiques semblant rejoindre l'azur d'un saut léger me plaisait beaucoup. J'ai rapidement dévoré les 150 pages de cette histoire qui trouvera ses lecteurs mais je pense que je n'appartiens pas "au cœur de cible". Le narrateur, Paul, est un adolescent de 14 ans, très atypique. Il porte sur sa famille un regard assez distancié, teinté d'ironie mais bienveillant (autant de qualités dignes d'un vieux sage plutôt que d'un garçon à peine sorti de l'enfance). La cellule familiale compte un père Lucien, italo-russe, que le chômage a transformé en larve squatteuse de canapé, une mère issue de la bourgeoisie versaillaise, "encanaillée" par son mariage, une sœur, Sarah, 15 ans, qui se rêve danseuse et passe beaucoup de temps à bouder sous ses écouteurs et pour la touche exotique, une grand-mère paternelle russe, ancienne danseuse étoile au Bolchoï.

    L'auteur surfe sur l'air du temps, le ton est résolument 2016 et l'on peut prendre plaisir à retrouver nos rituels contemporains : omniprésence des médias et des réseaux sociaux (Facebook, Snapchat et autre Netflix), références à différentes marques (Hollister, Nike, Mon Chéri et Ferrero Rocher...) . Dans une trentaine d'années, ce roman sera sûrement "vintage" tant il synthétise les éléments d'une période, presque jusqu'à l'excès.

    Le drame dans la vie de Lucien, hormis la perte de son emploi et un ventre qui déborde de son short, c'est son père, qui a pris la poudre d'escampette avant sa naissance. Luigi Minchielli, danseur étoile, rencontré lors d'une tournée du Bolchoï en Europe, a été le grand amour de Maria mais de lui, il ne lui reste qu'une photo, dans le pendentif qu'elle serre sur sa poitrine et un fils, représentant en photocopieuses. Mais tada, le retour à Paris du père enfui incite Lucien, à s'extirper du canapé pour devenir "danseuse étoile". Oui, danseuse ! Je n'ai pas fait de faute d'orthographe.

    L'ensemble est léger, les personnages peu nombreux sont juste esquissés, certaines scènes sont plaisantes mais le hic, pour moi du moins, reste le style très plat, proche souvent du cliché.

    Une lecture en demi-teinte. Un roman qui me laisse vraiment sur ma faim...